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LE BEX'TET

Emmanuel Bex orgue, keytar

Antonin Fresson guitares

Tristan Bex batterie 

'Round Rock"

dossier de presse
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Emmanuel,

 

Je viens de recevoir « ’Round Rock », ce bain de jouvence inspiré par les ébats musicaux de ton fils, Tristan, et de son jeune voisin de l’impasse Chanut, Antonin Fresson. Et j’imagine que, finalement, tu les as plus entraînés dans ton plongeon qu’ils ne t’y ont poussé par leurs espiègles bousculades.

 

J’imagine… car je te connais depuis longtemps. J’avais rédigé les notes de pochettes de ton premier disque en 1988, Triple Idiome et, neuf ans plus tôt, nous avions même fait des débuts simultanés. En 1979, avec ton vieil ami normand, Jean-Philippe Viret, tu remportais un concours organisé par Alain Guerrini, fondateur de la première école de jazz en France, qui compta tant pour toi que pour moi. (Je n’ai pas oublié ce tendre et fervent Pour Alain que tu jouas aux grandes orgues de Saint-Eustache pour son enterrement et dont tu donnes ici une nouvelle version.). Et moi, en 1979, je commençais à écrire pour Jazz Hot et, sous cette casquette toute neuve de jazz-critic, je faisais ta connaissance à la Chapelle des Lombards, la première du nom, celle qui fit entrer le jazz dans la rue des Lombards, avant le Sunset, avant le Baiser Salé, avant le Duc… 

 

Les clubs, le jazz, la nuit… Un monde ! Où tu te distinguais très tôt par cet art du plongeon sans calcul, riant aux éclats, même lorsque tu avais la peur au ventre, cette peur que célèbre Jacques Brel dans un texte que tu convoques ici, une peur joyeuse et insolente dans le refus du confort et des conventions, sportif de l’extrême (on connaît ta pratique du triathlon), mais sans négliger le goût des territoires. Le jazz en était un, comme cette Normandie « qui t’a donné le blues » et cette France dont tu réinventes ici La Marseillaise. Trois quarts de siècle après la version joyeuse de Django Reinhardt et de Stéphane Grappelli célébrant leur amitié renouée et la Paix retrouvée, tu y mets ton propre sourire et ton adhésion à l’idéal républicain, avec un peu d’accordéon et « de vaisselle cassée » (ton expression en réponse à la commande que je t’avais faite dans les années 1990 d’un arrangement d’une “chanson des rues” pour l’anthologie “Paris Musette”).

 

De ce fameux orgue électro-mécanique, l’Hammond B3, tu avais accepté de me livrer les secrets pour un dossier dans Jazz Hot qui fit date, soulevant le capot pour commenter cette tripaille de fils électriques et d’engrenages, truculent organisme qui prenait vie sous tes doigts et tes pieds. Nous partagions l’amour d’Eddy Louiss (dont la motricité fauve inspirait déjà Bleu et vert dans la version de ton premier Bex’tet en 1993) et de Larry Young (dont on reconnaissait déjà les lumineuses incertitudes sur Theme-X lorsque tu l’enregistrais en 2002).

 

De l’instrument tu as gardé la sensualité massive et nerveuse, les sonorités tout à la fois ligneuses et déliquescentes, charnelles et flatulentes, mais tu as confronté cette palette sonore à celles du nouveau siècle, avec la pulse techno de Manège, l’énervement “drum’n’bass” de Saint Denis Basilique ou l’affolement rythmique dont tu bouscules ce solo emprunté à Charlie Parker (Charlie of Course). Tes jeunes amis t’y ont certes encouragés, mais tu les as aidés à passer des gestes à la mode aux choix personnels et aux initiatives, à ouvrir l’éventail de leur talent. Et tu as trouvé avec eux un terrain commun, le blues, ici omniprésent, non comme schéma harmonique de référence, mais pour la tendresse de sa couleur bleue qui est chez toi la complémentaire du rouge de ta joyeuse fureur de vivre et dont tu as badigeonné ce « ‘Round Rock ».

 

Je t’embrasse, embrasse pour moi tes jeunes comparses, sans oublier Sophie, ta fidèle coproductrice.

 

Franck Bergerot

Emmanuel,

 

I’ve just received "Round Rock", this bath of youth inspired by the musical frolics of your son, Tristan, and his young neighbor from impasse Chanut, Antonin Fresson. I imagine that, in the end, you dragged them more into your dive than they pushed you into it with their mischievous jostling.

I guess... because I've known you for a long time now. I had written the liner notes for your first record in 1988, "Triple Idiome" and, nine years earlier, we had even made some simultaneous beginnings. In 1979, with your childhood friend from Normandy, Jean-Philippe Viret, you won a competition organized by Alain Guerrini, founder of the first jazz school in France, who meant as much to you as to me (I have not forgotten this tender and fervent For Alain that you played on the great organs of Saint-Eustache for his funeral and of which you have given here a new version). And as for me, in 1979, I started writing for Jazz Hot, and in  my newly acquired  jazz-critic position, I met you at the Chapelle des Lombards, (the first one), the one that brought jazz to the rue des Lombards, before le Sunset, before le Baiser Salé, before le Duc…

Clubs, jazz, nightlife... A world! Where you distinguished yourself very early on by the art of diving without calculation, bursting with laughter, even with fear, the fear that Jacques Brel celebrates in a text that you summon here, a joyful and insolent fear in the refusal of comfort and conventions, extreme sportsman (we know your practice of triathlon), but without neglecting the local touch, as Jazz seen through this Normandy "that gave you the blues” and this France of which you reinvent here La Marseillaise. Three quarters of a century after the joyful version of Django Reinhardt and Stéphane Grappelli celebrating their renewed friendship and the Peace regained, you put your own smile and your adherence to the republican ideal, with a little accordion and "broken dishes" (your expression in response to the request I made in the 1990s of an arrangement of a "street song" for the anthology "Paris Musette")…

 Of this famous electro-mechanical organ, the Hammond B3, you agreed to share the secrets for an outstanding feature in the Jazz Hot magazine, lifting the cover to comment on the guts of electrical wires and gears, a truculent organism that comes to life under your fingers and your feet. We both loved Eddy Louiss (whose feline play had already inspired Bleu et Vert in the version of your first Bex'tet in 1993) and Larry Young (whose luminous uncertainties were already recognized in Theme-X when you recorded it in 2002).

 

Of this instrument you have kept the massive and nervous sensuality, the sounds all at once woody and deliquescent, carnal and flatulent, but you have confronted this sound palette to those of the new century, with the techno pulse of Manège, the "drum'n'bass" energy of Station Saint Denis Basilique or the rhythmic panic of which you shake up this solo borrowed from Charlie Parker (Charlie of Course). Your young friends may have encouraged you to do this, but you helped them to move from fashionable gestures to personal choices and initiatives, to open up the range of their talent. And you found a common ground with them, the blues, and here omnipresent, not as a harmonic scheme reference, but for the tenderness of its blue color which for you complements the red of your joyous fury of living and which you have brushed onto “Round Rock".

So, a hug for you, and hug your young friends for me, without forgetting Sophie, your faithful coproducer.

Franck Bergerot

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